samedi 19 mai 2012
Bye Dan...
A l'instant même où je clame mon amour pour sa série au monde entier (enfin, le monde potentiellement, quoi !) Dan Harmon se fait débarquer de "Community". Une série tellement pointue dans son humour qu'on se demande bien ce qui a pris aux executives de Sony TV de virer son omnipotent créateur comme un malpropre. Ils veulent peut-être se venger du fait d'avoir perdu plusieurs milliards de dollars cette année (milliards, vous avez bien lu...) dans des choix de projets ciné et télé hasardeux. "Community", lui est un show qui marche fort. Pas forcément en terme d'audience (cf mon précédent post) mais surtout en terme d'image. Ça ne va pas empêcher les responsables de studio mais aussi de network (en l'occurence NBC) de virer Harmon sans même l'avertir (en tout cas c'est comme ça qu'il présente la chose sur son blog perso).
On pourrait croire que la situation des créateurs US est supérieure à la nôtre. Finalement, les séries appartiennent aux studios et un tout petit peu à leurs créateurs originels.
Visiblement, Dan Harmon traîne un contentieux avec Chevy Chase, l'un des acteurs de la série. Un comédien culte (SNL, Roy Burgundy...) qui a peut-être la rancune et le carnet d'adresses plus tenaces que prévu.
Dan Harmon traite de cette histoire sur son blog C'est un super billet, comme les grands auteurs savent les écrire. Il y a un soupçon de déception et un maximum de dégoût pour ce qu'est réellement l'industrie des programmes d'un coins à l'autre de la Terre. Une affaire de fric devant laquelle personne ne fait le poids.
Bye Dan, see you soon... (but not on NBC, I think...)
Le blog : http://danharmon.tumblr.com/post/23339272200/hey-did-i-miss-anything
samedi 12 mai 2012
Je veux écrire ça...
Bon, OK, je me calme. Je sais, qu'il est impossible de créer de l'équivalent de Community, la petite perle gorgée de liberté de Dan Harmon aujourd'hui dans notre cher pays. Sur la forme comme sur le fond. Aucun diffuseur français digne de ce nom (et c'est dommage...) n'a l'ouverture d'esprit pour laisser un créateur se déchaîner comme le fait actuellement Dan Harmon tous les jeudis soirs sur NBC. NBC, qui justement, a commandé une nouvelle saison de Community alors que cette comédie termine régulièrement dans les bas-fonds des classements des audiences. Ce qu'a vu le network (dans un remake de ce qui s'était passé début 80 avec les séries de la Quality television comme Hill Street Blues, St Elsewhere, China Beach, Thirtysomething..., c'est que ce programme mobilisait une forte communauté de fans sur le net. Et de fait, que sa notoriété et à travers elle, celle de son diffuseur (NBC, donc...) était l'une des meilleures de la télévision US. Si vous ajoutez le fait que Community fonctionne avec l'un des plus faibles budgets du paysage audiovisuel américain, vous comprendrez un peu mieux pourquoi NBC est repartie pour un tour avec Dan Harmon.
Bon, au-delà de ces considérations industrielles, Community reste surtout scotchante par ses parti-pris d'humour. Rien d'ultime et de jamais vu à la télévision (surtout ricaine). C'est surtout l'impression d'évoluer hors des canons d'efficacité habituels en télé qui est rafraichissant. J'ai bien dit l'impression car si vous vous intéressez à la question et à Dan Harmon vous apprendrez que c'est une sorte de mollah de la structure et que les histoires de sa série sont tout sauf improvisées. L'une des marques de fabrique de la série, c'est qu'elle est très référencée, elle drague différents type d'humour mais se nourrit surtout de la pop-culture ambiante. Le casting, comme souvent dans ce type de séries, est crucial. Il est au rendez-vous des textes et des gags irréguliers de la série. Et là, je ne vais pas vous mentir. Tout ne vous fera pas rire dans Community, surtout si vous n'avez pas vécu les années 80, surtout si vous ne connaissiez pas Chevy Chase avant. Il y a du Parker Lewis-à-fac dans tout ça. Le tout mâtiné de culture Star Wars. Rajoutez quelques guests savoureux (Jack Black, John Goodman...), quelques obsessions (Luis Guzman...) quelques méta-épisodes et vous ne serez pas loin de la recette de Community.
Au delà de ça, l'important c'est qu'il y a une poignée d'auteurs qui se réunissent et s'éclatent en écrivant des histoires. Et ça, pour des raisons que cinquantes pages de ce blog ne suffiraient pas à contenir, c'est aujourd'hui impossible en France.
Regardez Community.
PS : si quelqu'un sait comment on saute des lignes sur cet administrateur, je suis preneur.
vendredi 11 mai 2012
Série télé cherche showrunner...
Intéressant papier dans Variety signé Cynthia Littleton. Une des tendances fortes de la nouvelle saison à venir (2012-2013), c’est le lancement de séries sans qu’elles soient attachées à des showrunners de prestige voire des showrunners tout court.
Dans la plupart des cas, une série est associée au nom de son créateur ou de son patron. Cela dit, dans l’industrie américaine de la télévision, on peut presque dissocier les showrunners et les créateurs de séries. Les showrunners ne sont pas forcément les créateurs de l'oeuvre qu'ils dirigent (voir exemple plus bas) tout comme un créateur, notamment quand il débute, n'est pas systématiquement le patron de sa série.
Donc, si l'on reprend notre raisonnement, normalement, parmi les showrunners figure le créateur mais ce n’est pas une obligation. On sait très bien aujourd’hui que le nom de JJ. Abrams peut permettre de remporter un marché, alors que ce dernier n’a pas participé au développement. Cela ne veut pas dire qu’il ne s’impliquera pas à un stade où à un autre. Les grands diffuseurs sont friands de ces têtes d'affiches. L’exemple de Lost, à cet égard est édifiant. Quand Jeffrey Lieber propose à ABC, l’idée d’une série traitant d’un crash d’avion, ce créateur est peu connu et en plus, il apporte une série trop réaliste (à la Cast away). Le network prend acte du travail accompli mais veut aller plus loin. C’est ainsi que JJ Abrams qui a déjà travaillé avec Touchstone et ABC Studios (Felicity, Alias…) arrive et impose une patte totalement high concept avec ours polaire et dinosaure (en tout cas dans le pilote…).
Le développement et la vente sont en fait des activités bien différentes de la gestion d’un show au quotidien. Certains savent faire l’un et pas l’autre. Durant pilot season, (ce laps de temps où les chaînes font leur shopping) on voit des scénaristes de BD, de ciné, des romanciers venir avec des idées intéressantes. Elles se transforment parfois en pilote puis en season order (commande d’un nombre défini d’épisodes parfois d’une saison). Et c’est là que les problèmes commencent. Celui qui a eu une idée doit la faire fructifier, commander à deux cent personnes dont des scénaristes parfois plus chevronnés que lui… Il n’est donc pas rare qu’un créateur doivent faire la place à des gens, plus expert, qui savent manager une série. Le mariage est parfois réussi mais la plupart du temps, il s’agit d’un bidouillage qui peut mener au débarquement de l’un des chefs, à son départ voulu voire à l’arrêt de la série. Car dans les standards de production de la série américaine, il n’y a pas beaucoup de place (et de temps) pour la querelle.
On voit donc cette année un certain nombre de série qui cherche des showrunners alors qu’elles sont déjà acceptées par une chaîne. Cette figure peut également accoucher d’une bonne association. Jason Katims, le showrunner respecté de Friday Night lights n’a rien à voir avec le projet au départ. Peter Berg qui a développé la série ne pouvait pas s’en occuper au quotidien pour cause d’agenda de tournage de blockbuster saturé. De même, au moment où Meredith Stiehm avait lancé son Cold Case, la Warner lui avait collé dans les pattes, l’excellent Shaun Cassidy qui était parti de lui-même durant la première saison assurant que la créatrice de Cold Case se débrouillait très bien toute seule.
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