vendredi 21 septembre 2012

Ces épisodes qu'on n'oublie jamais (5)

For Peter's Sake – Dream On – 28 : 15’ Il y a des séries dont on garde un souvenir ému. Et puis un jour on les revoit et on a du mal à croire que c’est la même œuvre qui nous a tant fait rêvé. J’avoue que Dream On fait partie de ces programmes qui ont légèrement vieillis avec le temps et la radicalisation des séries venant du câble US. Ni sitcom, ni drama, Dream On a marqué un nouveau pas dans la production américaine. Pas aussi important que celui opéré une décennie avant par la Quality television des Bochco et Herskowitz mais Bright, Kauffman et Crane, les futurs créateurs de Friends, ont quand même posé les bases de la dramedy new-yorkaise qui amènera des séries comme Ally McBeal ou encore Sex and the city. Peut-être que la montée en qualité des séries du câble produites depuis – même si Dream On est la première vraie sérieuse fiction d’HBO en 1992 – a affadi les thèmes et les caractères pourtant assez osés des personnages de la série. Avec "For Peter’s sake", le 3eme épisode de la saison 3, David Crane et Martha Kauffman évoque la figure du SIDA à travers l’amitié naissante de Martin Tupper, le héros de la série avec un auteur de seconde zone qui va écrire le journal les derniers jours de sa vie pour un improbable livre de noël qui ne sortira finalement jamais. Le sujet pourrait être scabreux mais intégré au ton doux-amer de cette série, il en ressort un épisode qu'on a du mal à quitter sans un pincement au cœur. Et ça, ça n'a pas changé... A la relecture, vingt ans après (putain, vingt ans…), l’épisode n'est plus aussi dense et émouvant qu'il le paraissait. Et en même temps, il réussit la gageure de mélanger comédie et mélodrama. C’est toute la force de cette série qui ne doit en aucun cas verser dans le pathos. Mouvement rédhibitoire pour une production régulière censée attirer les gens sur une formule éprouvée depuis deux saisons déjà. On pourrait dire de la télévision qu’elle est hypocrite car elle ne va jamais au fond des choses. Ici, l’immense ellipse qui nous épargne la mort de Peter rend grâce à l’esprit prosaïque du petit écran qui doit rendre ses histoires dans des formats donnés. Et raconter l’histoire d’amitié d’un éditeur avec un malade en phase terminale du SIDA demanderait plus que 26 minutes à la plupart des auteurs lancés sur le sujet. J’espère qu’un jour, nous arriverons à atteindre ce mélange de comédie, d’intelligence et de pudeur dans un programme régulier de la télévision française. En attendant, voici For Peter ‘s sake :

mercredi 12 septembre 2012

Ces épisodes qu'on n'oublie jamais (4)

"Dave la main froide" (Cool hand Dave, part 2). Dans ma liste toute personnelle des épisodes qu'on n'oublie pas, vous n'échapperez pas à quelques aventures de Maddie Hayes et David Addison, détectives improbables donc indispensables que l'on retrouve ici dans une intrigue qui n'a plus rien à voir avec le coeur originel - et si réussi - de l'inclassable Clair de Lune (Moonlighting). David part rejoindre Maddie qui s'est réfugiée à Chicago après lui avoir avoué qu'elle était enceinte de lui. A l'aéroport, David est arrêté par le FBI qui le prend pour "Le bulldog" un dangereux assassin. Il est jeté sans ménagement dans une cellule d'un bagne digne d'Alcatraz. Pendant ce temps, tout le monde cherche David Addison, y compris les responsables d'ABC qui se demandent comment leur série peut continuer sans la présence de leur comédien principal. Agnes Dopisto, la gentille standardiste de l'agence sonne la révolte et se lance dans une enquête loufoque en compagnie d'Herbert Viola. Leurs investigations les conduisent au domicile de David Addison, un domicile occupé par le cousin de ce dernier... un (faux) cousin qui s'avère être "le bulldog" lui-même... Cet épisode n'est pas le meilleur de la série (on y reviendra prochainement) il vient seulement nous confirmer avec brio que le récit télévisuel peut aussi être quelque chose de totalement second degré. Un seconde degré qui n'empêche pas des séquences de comédie musicale digne de Broadway (les travaux forcés et l'histoire de Dave et Maddie...). Un second degré qui n'empêche pas les sentiments, notamment dans cette scène finale où Maddie dans un message téléphonique tendre et sincère annonce à David qu'elle le remercie de ne pas être venue la rejoindre à Chicago. David s'assied alors sur son lit et abandonne l'idée de faire sa valise. Il allait bien sûr partir pour Chicago mais si Maddie lui demande avec ce ton-là... Même les héros les plus foutraques ont un coeur, on avait déjà eu l'occasion de s'en apercevoir dans cette série. Reste la folie qui infuse le reste de l'épisode. La scène mythique du casting chez ABC pour trouver un nouveau David Addison , le faux cousin de David et ses récits à la Indiana Jones, le tout emballé avec un art consumé de la parodie. On ne fera plus jamais de la télévision comme cela. Raison de plus pour ne pas oublier cet épisode.

dimanche 9 septembre 2012

Ces épisodes qu'on n'oublie jamais (3)

Il y a des épisodes qu'on n'oubliera jamais et puis il y a L'EPISODE qu'on n'oubliera jamais. Classé dans les 100 plus grands moments de télévision du XXeme du magazine "Entertainment Weekly", Love's Labor lost fait partie de ces épisodes coup de poing qui installe une production dans le coeur des téléspectateurs. Ce fut bien sûr le cas ici avec Urgences qui s'apprêtait à devenir N°1 des audiences aux Etats-Unis. Dans cet épisode, c'est Mark Green (excellent Anthony Edwards) qui est à l'honneur. Alors que sa journée est finie et que rien ne le pousse à rester, le Dr Green décide de continuer à suivre une patiente enceinte entrée avec des signes peu encourageants. On sait déjà que cet accouchement ne va se passer normalement. Que tout finira mal. La tension monte doucement. Green est fatigué et bientôt il se retrouve piégé dans un accouchement à haut risque. Le service d'obstétrique ne répond plus. ER est - à cette époque en tout cas - un exemple parfait de rythme. On est plongé au milieu d'histoires très humaines. La steadycam virtuose et le vocabulaire médical font le reste. Mais avec cet épisode, Lance Gentile, son scénariste, veut aller plus loin. Il prend le parti de montrer un Dr Green pas aussi bon docteur que nous le voudrions. L'état de la patiente s'aggrave mais on a du mal à imaginer un épisode terminant sur une note (trop) sombre. Pas avec le bon Dr Green. C'est mal connaître John Wells et Michael Crichton qui insufflent à leur série cette petite dose d'incertitude qui rend toutes les issues possibles. L'acte 4 reste comme un moment suspendu. Il y a l'accouchement, la perte de la maman, l'acharnement de Green à ranimer le corps sans vie devant le reste de l'équipe dévastée. Mais ce moment reste finalement un classique de série d'hôpital. Le plus réussi est à venir notamment quand Mark arrive auprès du père, un nouveau-né dans les bras mais une triste nouvelle à annoncer. Derrière la vitre, sans que nous entendions le moindre mot de ce qui se dit (cf, notre photo), on suit les visages, la surprise, la douleur. Le poil s'hérisse et la larme n'est pas loin. Elle arrive pour la scène finale, celle où Mark Green, exceptionnel tout du long de sa journée, d'humanité, d'abnégation, de faiblesses aussi, pleure toutes les larmes de son corps en rentrant chez lui en métro au petit matin. Là, on fera difficilement mieux.

samedi 8 septembre 2012

Ces épisodes qu'on n'oublie jamais (2)

The shield - Pilot Le pilote n'est pas un choix très singulier pour représenter l'épisode remarquable d'une série. Mais après tout, c'est aussi fait pour ça un pilote : Montrer le potentiel industriel de la production qu'il initie ainsi que l'originalité du programme. Pas étonnant donc de retrouver dans ce type d'épisode des moments de bravoure. Mais dans le cas de The Shield, franchement, Shawn Ryan et sa strike team d'auteurs dépassent nos espérances de beaucoup et c'est pour cette raison, qu'à mon goût, le pilote de The shield mérite de figurer parmi les épisodes qu'on n'oubliera pas. Habile, Ryan installe la figure de Vic McKey "un autre type de flic" comme il aime à s'appeler lui-même au moment de mettre une raclée à un vieux pédophile qui refuse de dire où il retient une petite fille. Vic McKey est borderline. Un pitbull qui tape et réfléchit ensuite. Mais même si dans cette réplique clé toute la série est résumée, cette scène jouissive à souhait n'est pourtant qu'un hors-d'oeuvre par rapport à la suite. Shawn Ryan nous garde son meilleur tour pour la fin. Une longue séquence de préparation d'une descente de Police chez un dealer. Regard extatique, mines déterminées, les policiers de Farmington vont aller nettoyer le quartier. Le rap agressif de Kid Rock électrise le moment. La réalisation nerveuse nous place au plus près de l'équipe d'intervention. Le montage dynamise encore cet effet. Le titre "Batwidaba" crache aussi violemment que les fusils à pompe de la Strike Team. Quand la musique s'arrête, Vic McKey accomplit son forfait. Un "autre type de forfait". La machine est lancée. Un épisode et une musique que je n'oublierai jamais et que je rêve d'égaler en intensité dans une de mes créations futures. Rêvons un peu...