samedi 20 août 2011

The Wire et le saut de requin ?





Ceux qui me connaissent savent le culte que je voue à David Simon ainsi qu'à son oeuvre.
Personne ne pourra me taxer de mauvaise foi. Il m'arrive tout de même de penser que dans cette dernière saison de "The Wire", une saison où le nom de David Simon se fait légèrement plus rare, le talent et l'intransigeance du plus doué des auteurs de télé "sérieuse" se sont un peu émoussés.

Soyons clairs, "The Wire" 5 reste supérieure à bien des séries même au sommet de leur qualité. Il y a juste un petit quelque chose de moins neuf et de plus évident dans cette dernière saison. La fausse enquête de McNulty, la manière dont les méchants se font arrêter ou sont neutralisés, tout ça me semble plus artificiel qu'à l'accoutumée dans l'univers de The Wire. Le regard posé sur la presse est compliqué lui aussi. On sent Simon et son équipe tiraillé par le fait de décrire quelque chose de manière juste et crédible tout en restant compréhensible du grand public. Sauf qu'aucun choix ne sera réellement fait. La fin de cette arc est bien. Frustrante mais bien. Tout ça se sent dans l'avancée des histoires. Même avec Richard Price, Denis Lehane, Georges Pelecanos, Eric Overmyer, The Wire 5 patine légérement sans jamais trouver tout à fait son identité en comparaison des quatres autres saisons.

Cette dernière livrée d'épisodes est importante car elle permet à Simon de boucler les trajectoires de la plupart des histoires (encore qu'on éprouvera pas mal de déceptions dans le cas des personnages féminins). Importante mais un poil décevante cette saison 5. Je m'en doutais. Le générique de cette dernière saison contient une musique plus facile, qui n'a pas cherché à se démarquer. Personnellement, le choix du thème musical de la saison (variation sur Way down in the hole de Tom Waits) a toujours été un bon indicateur pour les épisodes à venir. Le thème de la saison 4 et sa reprise très groovy (interprété par des jeunes de Baltimore) est très intéressant, la saison le sera aussi. Peut-être la meilleure. Tom Waits prête sa voix à la saison 2, et là encore réussite. Ceux qui me connaissent savent quelle importance j'accorde aux génériques. Ceux de "The Wire" sont exceptionnels en terme d'information et de sémantique de l'image. Un entretien avec Karen L.Thorston, la responsable des génériques sera disponible sur ce blog dès la sortie d'un livre que je consacre à la question.

Avec cette saison 5, je pense encore plus que jamais que le générique est une formidable porte d'entrée sur un univers. Quand on frôle la perfection comme a pu le faire "The Wire", la moindre embardée vous condamne à ne plus être tout à fait la meilleure fiction policière politique et sociale jamais écrite. Je suis déçu mais ça ne signifie pas que je ne suis pas impressionné par la bulle qu'a réussi à bâtir "The Wire". Merci David Simon.

vendredi 12 août 2011

Télé is rich

Papier ultra intéressant de Edward Jay Epstein (voir lien ci-dessous), sommité journalistique en matière d'économie de l'industrie des médias US et de science politique. Son billet, publié sur le site d'Adweek, une des bibles des médias américains, avance qu'aujourd'hui, Hollywood devrait revoir sa copie sans la manne que représente la gestion des séries télé. Vente à l'international, sortie DVD, sortie d'intégrale, rediffusions, les fictions à épisodes sont bien les vaches à lait qui permettent à Hollywood de signer des méga-blockbuster (attention pléonasme...). Un studio comme Warner Bros tire 87% de ses profits de la télévision. Sortir des énormes franchises comme Harry Potter n'a finalement pas beaucoup de sens. Tous les dollars sont dilapidés ou presque dans le fonctionnement de la promotion du film. Quand un opus de Harry Potter fait 900 millions de dollars de recette, apparemment, seuls 50 millions finissent dans les caisses de Warner.

A méditer.

http://www.adweek.com/edward-jay-epstein/hollywoods-reality-tv-133899

PS : Vous pouvez toujours écouter "Série Télé : Chronique sur canapé" sur France Culture, un billet d'humeur écrit en collaboration avec Benoît Dr Green Lagane. C'est jusqu'au 25 août.

That's all folks.