mardi 27 avril 2010

David E. Kelley et moi..


"Déjà Vu" repasse sur les écrans. Ça a débuté hier, en cachette (n'en demandons pas trop non plus !!!! ça serait dommage que quelqu'un regarde réellement) tous les matins entre 8h et 9h sur France 4. 52 épisodes, 26 heures ou presque d'une aventure qui représente quatre ans de ma vie. Et hop, on dégage ça un matin (c'est ça la télévision...). Là, où les choses ont un côté savoureux, c'est que tout le monde est peu ou prou à la même enseigne. Tenez David E.Kelley, empereur de l'univers sériel durant les années 90, grand mogol de la dramedy, auteur dans le désordre de "Picket Fences","Dr Doogie", "L.A Law", "The Practice", "Ally Mc Beal" et bien d'autres encore. Le grand David E.Kelley passe juste derrière nous. De 9h à 10h. Bon, il faut quand même préciser que "Boston Public" a été rentabilisé cinquante fois et que je ne comparerai jamais sa série à la mienne. Il n'empêche... ça aide à relativiser. Si un jour on m'avait dit que David et moi serions voisins...

Faites-moi une fleur, regardez un épisode de "Déjà Vu" - la saison 2 en Asie vaut beaucoup d'autres séries actuelles.

lundi 19 avril 2010

FNL 4


Ou s'arrêtera la qualité de "Friday Night Lights" ? Avec le season premiere de la quatrième saison, Jason Katims opte pour des choix audacieux mais finalement bien dans la logique de l'écriture de cette série qui joue rarement la facilité. Cette fois-ci FNL surprend en renversant la polarité de son univers. Sans tout dévoiler, Eric Taylor y apparaît potentiellement bien mieux utilisé que durant la saison dernière avec ses problèmes de riche. De nouveaux personnages font leur arrivée et franchement, je vous mets au défi de ne pas accrocher (si d'aventure vous aimez ce genre de récits). On sent plus de pugnacité dans cette nouvelle saison, musique toujours aussi prenante, interprétation juste, réalisation ambitieuse (actions simultanées Panthers / lions / université de San Antonio...). C'est de la grande production télé US. Juste la meilleure série actuelle.

vendredi 16 avril 2010

Bloc-note à propos de tout et de rien...

Lis et entends en ce moment des propos rassurants dans les rangs des scénaristes. La situation est intenable. Nous ne sommes pas respectés. Notre statut et notre place au sein de la chaîne de production est une blague. Ça me fait très plaisir d'entendre ça, de savoir que je ne suis pas le seul (je le savais un peu déjà) à douter de la santé mentale de ce système. Il serait temps, qu'on nous écoute, qu'on nous respecte, qu'on nous paie décemment (et ce n'est pas qu'une histoire de somme totale). Que les gens qui lancent des idées, réfléchissent avant de s'étaler dans la presse. Nous faire travailler plus vite, pour moins cher face à une industrie qui ne peut même pas absorber les dizaines et dizaines d'idées (souvent bonnes) qu'on lui envoie, ça ne fait vraiment pas sérieux... Le flux, c'est un truc de costaud que même les anglais ne maîtrisent pas parfaitement.

Canal Plus me fait peur. Cette propension à vouloir produire à l'international pousse la chaîne cryptée à dépenser sans compter des sommes folles dans le recrutement de grands créateurs anglo-saxons. Au final, c'est peut-être la porte qui est en train de s'ouvrir pour une fiction de plus en plus en langue anglaise (qu'on nous paie des formations !!!! auxquelles nous pourrions avoir droit !). Dans tous les cas, cette politique implique moins de séries (françaises) sur l'antenne de Cplus dans les prochaines saisons. Promis, dès que je joue au tennis avec Tom Fontana, je lui en parle...

Aie lu le rapport du Club Galilée. Intéressant. Peut-être pas pour les bonnes raisons. J'aimerais connaître les raisons secrètes de la tenue et surtout de la formulation de ce rapport sur la crise de la fiction française. Un rapport qui tombe au bon moment. Il préconise des appels d'offres réguliers et France Télévision est en train de lancer le sien... Il préconise des groupes de statures internationales, comme Lagardère, par exemple ? Dans ce rapport, les scénaristes ont été invité à s'expliquer. Ils l'ont fait et bien. On va dire que c'est quand même un bon point mais on sent bien que le jeu des équilibres se jouent entre les chaînes et les maisons de productions. Nous ne sommes que des poupées interchangeables et corvéables à merci.

Ai vu la fin de Friday Night Lights 3. Bravo à Jason K. et toute sa bande. Continuez à nous faire rêver de ce petit bout de Texas (une gageure, non ?)

Suis au milieu de la saison 6 de Desperate. Quelle série atypique. Personnellement, je pense que j'aurais déjà décroché. Je remercie donc ma femme de m'avoir forcé à regarder ce qui est je pense à l'heure actuel le grand show US le plus intenable en terme d'épisodes spéciaux. Le néo-soap, s'est doublé d'un drama polymorphe où l'on rit comme dans une sitcom ou bien l'on est ému comme dans un mélo réussi (piste lynette / Tom Scavo par exemple). Je ne supporte toujours pas Teri Hatcher et ses multiples opération de chirurgie esthétique mais ce n'est pas grave, il n'y en a plus que pour cinq ou six saisons...

A part cela, j'ai le sentiment personnel que le business repart. Soyons fou, tentons d'y croire.

jeudi 8 avril 2010


Ci-joint, la lettre rédigée conjointement par l'UGS et le CDA. Je crois que ça ressemble plus ou moins à une petite explication de la vie de production à quelqu'un qui devrait la connaître un peu mieux. Virile mais correcte (et surtout très juste).



Paris, le 8 avril 2010
Monsieur le Directeur de l’unité de programme fiction,

Cher Vincent Meslet,

Les scénaristes du CDA et de l’UGS ont pris connaissance avec la plus extrême
attention de votre récent appel à projets de 26, 52 et 60 minutes.
S’ils se réjouissent du défi que représente cette initiative, elle met toutefois en
exergue des interrogations qui doivent être levées, pour laisser toute sa place à
l’ambition et à la créativité.
Comme vous le savez, la mise en place de l’Observatoire Permanent des Contrats
Audiovisuels par la SACD a permis d’établir de façon objective que la situation des
scénaristes se précarisait sur les formats de 26 et 52 minutes.
Depuis, auteurs, producteurs et diffuseurs s’accordent à dire que l’écriture des séries
est insuffisamment rémunérée, et qu’une revalorisation est indispensable. A cet
égard, votre appel d’offres en l’état va à l’encontre de ce constat partagé.
En effet, cet appel à projets pourrait aggraver la précarisation des scénaristes, tant
les conditions de son financement sont encore imprécises.

Vous demandez aux auteurs et aux producteurs de livrer pour les séries de 26’ et de
52’, des dossiers constitués d’un concept, d’une bible, de fiches personnages, d’un
épisode pilote dialogué V1, et jusqu’à onze synopsis pour le 52’ (cette étape nous
apparaissant pour le moins inutile, voire contreproductive, à ce stade du
développement).

Un tel travail représente un coût moyen de 50 000 € pour le 26’ de prime time et
95000 € pour le 52’ (selon les conditions moyennes du prix du marché fournies par
l’OPCA pour l’année 2007/ 2008, soit il y a plus de deux ans). Ces montants sont un
minimum en dessous duquel il est impossible de répondre à cet appel, sauf à faire
peser une fois de plus une grande part du risque financier sur les auteurs.
Même si le CNC a précisé que les producteurs pourront utiliser leur "automatique" du
COSIP à hauteur de 25 000€ par projet pour les 52 minutes, il reste une question
essentielle non résolue : de quelle manière sera financé le reliquat ?
Nous subissons déjà un système d’options sous-payées, voire gratuites. Nous
n’accepterons pas, sauf à considérer l’auteur comme coproducteur de la série, un
système de développement au rabais, alors que le travail d’écriture demandé est en
l’espèce le plus complexe à fournir, puisqu’il doit définir l’ensemble des fondations de la future série.

En conformité avec les objectifs de FTV en terme de soutien à la création, nous
avons donc pris l’initiative de vous proposer des adaptations possibles de cet appel à
projets, de manière à prévenir en amont toutes dérives au détriment des auteurs, et
donc de la qualité des projets que vous recevrez.
Trois solutions ont été envisagées :

1 - Soit FTV considère que les scénaristes assument le risque du développement au
même titre que le producteur, qu’ils sont de facto co-financeurs du projet, et dès lors
cosignataires de la convention de production avec vous et le producteur,
2 - Soit FTV s’engage à verser aux scénaristes le complément de financement de cet
appel d’offres, en fonction des montants que les producteurs auront investi jusqu’à
atteindre le prix du marché précité,
3 - Soit FTV réexamine le contenu de l’appel d’offres en réduisant l’importance du
dossier demandé pour s’adapter à un financement exclusif des producteurs (par
exemple une bible, le concept, les personnages et un synopsis du pilote).
Nous sommes bien évidemment à votre disposition pour évoquer dans le détail ces
trois solutions.

Nous avons bien noté que vous nous laissiez (auteurs et producteurs) la
responsabilité de la ligne éditoriale des séries. Là encore, nous comptons sur votre
engagement à ne pas nous opposer un changement de ligne éditoriale, une fois
l’écriture largement avancée, afin de justifier de nouvelles annulations.
Ces réflexions sur cet appel à projets sont dans la droite ligne de notre position sur le développement de manière plus générale. Si jamais se confirme la mise en place
d’une étape contractuelle décisive à la V1 dialoguée, il va de soi que nos demandes
sur le financement restent les mêmes.

Notre seule ambition, vous le savez, est de créer des séries fortes, populaires,
durables, tous genres confondus. Mais atteindre cet objectif, c’est aussi repenser
totalement la place et le rôle de l’auteur dans la chaîne de création. Nous regrettons
que cette réflexion n’existe que par le biais d’autres chantiers, alors que vous seriez
dans votre rôle en prenant la tête d’une véritable mission sur le sujet.

« Si nous aimons tant les fictions américaines, c'est parce qu'il y a de
formidables syndicats d'auteurs de scénarios. Ces auteurs savent
défendre leurs intérêts, sont très bien payés et attirent les meilleurs
écrivains. C'est une autre bataille très importante, celle de la
représentativité des différents métiers de l'art, par exemple des
scénaristes, qui sont certainement, aujourd'hui en France, les
parents pauvres de l'industrie culturelle.
». Jacques Attali.

Nous assumons, dans cette phrase, ce qui relève de notre responsabilité collective
d’auteurs, et nous détestons l’idée d’être « les parents pauvres » de quoi que ce soit.
C’est pourquoi nous avons besoin de votre implication totale à nos côtés pour nous
donner les moyens d’apporter un nouveau souffle aux industries créatives de ce
pays.
Sur tous ces points en discussion, nous sommes bien évidemment demandeurs d’un
accord interprofessionnel, diffuseur compris, permettant d’assainir nos pratiques
contractuelles et financières.
Dans l'attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le Directeur,
cher Vincent Meslet, en notre considération la meilleure et la plus amicale.

Pour l’UGS, Pour le CDA,

Christine Miller, Co-Présidente Jean-André Yerlès, Président

Il y a quand même des gens qui ne doutent de rien.