lundi 30 mars 2009

France 3, "In treatment" - Culture et moi

Pas facile de poster avec l'emploi du temps actuel. Je suis sur tous les fronts. Ecriture de scénarios. Constitution de projet, développement multiples. Bienvenue dans le monde des professions indépendantes ! Aujourd'hui, on est censé rendre le séquencier de l' épisode deux de notre fiction pour France 3. L'histoire est toujours aussi passionnante. On s'enfonce dans des marécages de détails qui nous font douter du bien-fondé de chaque scène et de chaque intention. C'est réellement flippant. Heureuement ma co-auteure, mélange de Terminator avec port USB 2 et de "mère maquemiche" (elle m'engueule quand je déconne) est à fond dans l'histoire et veille au grain. En tout cas, pour cette première expérience de prime, je n'ai jamais été aussi content d'avoir un partenaire. L'écriture en solo me paraît imposssible ou encore inatteignable à mon niveau.
Hier, nous avons commencé, après tout le monde d'accord, le visionnage de "In treatment", série d'HBO (d'après un concept israélien) qui se déroule uniquement dans le cabinet d'un praticien (interprété par le formidable Gabriel Byrne). La série montre tour-à-tour les passages de patients réguliers puis la visite de contrôle du praticien lui-même. On a beaucoup écrit là-dessus. L'été dernier, j'avais laissé dire un journaliste qui en parlait comme d'une série faite pour les critiques et pas pour le public. Sur le début de la série, je dois dire qu'il se trompe, "In treatment" est un des trucs les plus humains qu'il m'aie été donné de voir récemment. L'unicité du décor ajoute encore à cet effet. On est dans un exercice de style qui passe grâce à une jolie direction d'acteur et une utlisation extrêmement tenue des informations à donner sur les patients ou sur le psy lui-même. J'attends avec impatience la version française (adaptée d'un concept russe) dont une copine assure la direction littéraire. En tout cas, pour l'instant, "In treatment", j'adore.

vendredi 20 mars 2009

La folle journée de...

Vous voulez savoir à quoi ressemble un mercredi (exceptionnellement chargés, certes) d'un auteur de télévision ? Accrochez-vous.

• 5H00 - Réveil difficile du côté de Besançon (eh, oui, tout le monde n'habite pas à Paris). Juste le temps de manger une biscotte et un petit truc chaud, je travaille dans le TGV. Quelques préparatifs en vue de mes deux cours du CEEA (conservatoire Européen d'Ecriture Audiovisuel). Je visionne une nouvelle fois un épisode de "Sur le fil" (histoire pas tout à fait parfaite mais que j'aimerais bien quand même avoir écrite...).

• 8h50 - Arrivée dans un bar près de la rue de Rivoli. Je dois y croiser une de mes co-auteures avec laquelle j'écris un projet mêlant espionnage et histoire d'Amour optionné par Endemol. Nous discutons bien des dernières modifications à apporter aux textes mais les tables à côté et les conversations (surtout une !) sont dures à oublier. Pas grave, on est quand même dans notre histoire qu'on envie de faire avancer tous les deux. On se donne des devoirs à faire sur certains aspects de l'histoire. On doit rendre le document avant la fin du mois.

• 12h15. Petit point tout en traversant l'île de la cité avec une autre de mes co-auteure. Nous discutons des corrections que nous avons apporté sur nos textes respectifs pour un projet développé par France 3. Il faut augmenter la cadence car les producteurs s'impatientent. Il ne faudrait pas qu'on nous remplace, non plus...

• 12h50. Je me prépare pour mon intervention au CEEA. Aujourd'hui séance souvent très réactive. Nous parlons de "Age sensible" et de "Ma terminale", deux séries qui montrent bien qu'on peut faire des choses différentes en télé française.

• 15h15. Je termine le cours. Un de mes anciens élèves du CEEA m'attend. On parle deux heures dans un café d'un projet que je lui ai envoyé sur les agissements d'une multinationale dans un coin perdu de France. Le projet est à écrire. Nous décidons de faire chacun de notre côté des recherches. Nos emplois du temps sont chargés. Nous ne nous fixons pas d'échéances trop courtes. C'est bien aussi de ne pas toujours foncer tête baissée. On a aussi besoin de laisser les projets et les idées reposer et puis percuter dessus trois mois plus tard une veille de week-end perdu dans des embouteillages au son d'une jolie musique ou des paroles de quelqu'un à la radio.

• 17h45. Seulement cinq minutes de retard. Rendez-vous avec mon co-auteur de "Déjà Vu", notre directeur littéraire et notre producteur. Nous évoquons la fin d'écriture de la série (52 épisodes) et comment éventuellement rebondir sur un autre projet. Notre producteur a une idée à nous soumettre, en co-production avec des partenaires étrangers. Il n'en dira pas plus car il a un train... (A suivre).

• 19h45. Arrivée chez mon camarade de radio. France-Culture s'apprête à nous commander une seconde saison d'émissions estivales sur le thème des fictions télé (Série Télé : L'Amérique en 24 épisodes). Nous tentons d'élaborer une stratégie. 23h et des poussières. Je percute sur le fait que je dois revoir mes notes du lendemain pour le CEEA.

• 8h20. Départ de chez Benoît. Traditionnellement, je rentre chez moi après ma journée du mercredi. Mais là, j'interviens une seconde fois au CEEA dans le cadre d'une formation sur la Direction littéraire. Le cours porte sur la structure en fiction télé. Une question cruciale à propos de laquelle j'ai moi-même des interrogations. Je ne sais pas si je suis très clair. L'idée était de faire passer le fait de ne pas trop se crisper sur la structure et de penser aussi aux personnages, à ses envies à soi et à son point de vue. Séance plutôt agréable où j'ai eu des idées pour mes projets perso. C'est toujours comme ça...

• 13h40 - Je règle quelques détails administratifs et je file à la Gare de Lyon pour prendre un TGV, si jamais il y en a... Mon TGV est là mais dans trois heures. Entre-temps, j'ai eu ma co-auteur du projet France 3. On doit impérativement envoyer un texte le lendemain. Mon attente à la gare est employée à enchaîner avec un nouveau texte pour ce même projet. Dans l'Espace Grands voyageur, je suis entouré de cols blancs avec leur PC. Combien d'entre eux écrivent dans leur ordi avec passion ?

• 18H00 - Je travaille dans le TGV quand peu à peu mes yeux ont du mal à suivre le curseur. Je me lance un ou deux (en fait, trois...) "30 Rock". Qu'est-ce que c'est bien ! Tout le wagon peut s'en apercevoir à mes rires à gorges déployés. Mes gags préférés, l'allusion aux anus de chat (eh, oui, je sais c'est lourd mais après une journée, ça fait du bien) et toutes les répliques d'Alec Baldwin.

• 21h30 - Enfin à la maison ! Je tente de convaincre ma femme de débuter un grand cycle de fiction québecquoise en vue des émissions estivales de France Culture. Nous regardons "We own the night" de James Gray... (Je sais parfaitement que ce n'est pas une série québecoise !) Un peu déçu, je dois dire. Trop caricatural. Il est temps d'aller se coucher avec à l'esprit toutes les choses à faire pour le lendemain d'autant que pendant ces deux journées, les emails se sont accumulés. D'ailleurs, là, tout de suite, j'y retourne...

mardi 17 mars 2009

Kings - l'art de la bande-annonce

Lancement de "Kings" dernièrement aux Etats-Unis. La bande-annonce est belle, très graphique, avec ce qu'il faut de lenteur, de machiavélisme, de suspens pour vendre la future grande série de NBC. Pour être honnête, j'ai un peu de mal à y croire. Bon, c'est vrai qu'on a fait des procès à des engins de fictions bien plus osés qui ont ensuite tracé leur route durant des dizaines et des dizaines d'épisode. Mais bon, permettez-moi, encore une fois, d'être sceptique. Tout ça me semble bien métaphorique et bien shakespearien (et plein d'autres références encore) pour devenir le hit que certains médias prévoient auprès du grand public. Peut-être que tout ça n'est qu'un soap peinturluré dont les tenues de paillettes vont fondre avec le budget alloués à la superproduction. Ça aussi on l'aurait déjà vu joué quelquepart.

A l'instant même où je veux poster ce message. Je lis que "Kings" s'est râté à l'allumage. Wait and see...

lundi 16 mars 2009

30 Rock saison 3 et "les autres"


De deux choses l'une, soit vous n'avez jamais vu "30 Rock" et je vous conseille vivement de vous y mettre, soit vous connaissez cette rolls de la one-single camera comedy et là, vous devez choisir un camp. Je suis désolé, ici dans ce blog, on ne reste pas au milieu du guêt en disant "ouaaais, c'est pas mal mais je préférais Tina Fey quand elle était au Saturday Night live..." Pfff, bande de prétentieux.
Non, ici on dit j'adore "30 Rock", c'est léger, touchant, parfois un peu lourd mais j'assume. Alec Baldwin est aussi bon que... Je n'ai même pas d'exemple pour dire combien il est bon. Et puis Liz Lemon est craquante, rigolote et coeur d'artichaud. Bref, un excellent mélange de genres. Bienvenue dans le club des fans de 30 rock (non, nous ne commercialiserons pas de pyjamas).
L'autre solution, c'est que vous trouviez 30 rock assez quelconque. Vous êtes partie des "autres" (tatata !!!!). Ce blog a déjà repéré votre IP et à l'heure où vous lirez ces lignes un affreux ver baptisé Tony, en l'honneur de Tony Miceli, ronge votre disque dur rempli de séries pas drôles et copiées sur Emule (vous n'avez pas honte !). Vous dites vous y connaître en comédie (en réalité, vous avez vu trois épisodes de "Seinfeld" en français et l'intégrale d' "une nounou d'enfer"...), vous pensez que les coulisses d'un show comique ne sont pas un lieu suffisamment efficace pour (vous) faire rire. En même temps, vous n'avez pas beaucoup d'humour, vous ne riez pas pendant RIS, c'est vous qui en écrivez des épisodes... Bref, il y a une fracture en France, c'est indéniable. Bon, finalement, oubliez tout ce que je viens de dire. Mon 30 Rock, j'ai envie de me le garder pour moi tout seul.

Déconstruction permanente

Projet "Vouivre" pour Capa drama et France 3. Nous avançons à allure raisonnable. Un peu comme un bateau (pas brise-glace) au milieu d'un champ d'iceberg. Il faut faire des détours, parfois reculer, parfois refaire deux fois la même chose et s'apercevoir que c'est inutile. Tel est la vie du scénariste empêtré dans les séquenciers d'un 4x1h de fiction pour une chaîne de télé nationale. Pour ma première vraie expérience de prime, je réalise combien il est facile de s'enferrer dans des certitudes qui mèneront peut-être à un rendu rapide de l'histoire et à son paiement en monnaie sonnante et trébuchante par le service comptable. En revanche, pour ce qui est de la qualité du récit, de la pertinence des trajectoires, du plaisir de suivre les aventures de nos personnages, je pense que c'est autre une paire de manches. S'obstiner en voyant l'horloge tourner n'avantage pas le scénariste. Il faut sans cesse se poser les mêmes questions. En faisons-nous assez ? ou au contraire N'en faisons-nous pas un peu trop ? Le pire, c'est que ces incertitudes se sont posées au synopsis, qu'elles nous assaillent au séquencier et que nous aurons à nouveau à les affronter lors de la mise en place des dialogues. C'est fatigant, je l'avoue. On en perd le fil de notre histoire. On s'en remet à des ressorts mécaniques de dramaturgie, parfois c'est la psychologie des personnages qui prend le dessus. On des petites victoires suivies de gros doutes. Aucune chance de suivre une voie toute tracée. Chaque projets, chaque auteur, chaque chaîne, chaque producteurs, chaque case, chaque conseiller de programme est différent. Cela veut simplement dire que lorsque c'est fini, il faut recommencer le même cirque créatif depuis le début.
Et vous savez ce qui est le pire ? c'est que pour rien au monde, nous n'échangerions nos places.

dimanche 15 mars 2009

France Culture - saison 2

• Nous sommes dans les starting-blocks. Voilà quelques semaines que mon comparse et moi pensons à ce que nous pourrions bien faire pour la saison deux de notre émission consacrée aux fictions télé et qui avait eu un joli succès l'été dernier sur France Culture. L'idée de parler de la fiction au sens large mais pas seulement des produits anglo-saxonnes s'est imposée. Nous allons donc creuser un peu nos savoirs respectifs sur les télé québecquoises, sud-américaines, anglaises (quand même) et surtout françaises. On en reparlera. c'est en cherchant des thèmes qu'on s'aperçoit que la plupart des médias se concentrent sur dix, quinze oeuvres en ignorant la plus grande masse des séries restantes. Et pourtant... Pour l'instant, rien n'est officiel et toutes nos jolies réflexions pourraient finalement trouver refuge sur ce blog. On en reparlera, je pense.

• Aujourd'hui, relecture du 52eme épisode de "Déjà Vu", le dernier a priori. C'est bizarre. Perso, j'éprouve une sensation qui se situe entre le pincement au coeur et le soulagement. Notre Alex a vécu bien des aventures, certaines assez poussées pour les normes de la fiction jeunesse française, d'autres agréablement surprenantes, car apportées par d'autres équipes de scénaristes. Il y a aussi les déceptions. De certaines mises en scène (même si le tournage alloué à ce genre de programme se compte en dizaine d'heures, soit quasiment rien), de certaines situations qui ne sont pas celles que nous avions dessiné dans la Bible du programme. Cette première création a vraiment été l'occasion de voir combien le scénariste est en début de chaîne mais combien personne ne l'attend à l'autre bout (une situation qui peut connaître parfois des situations meilleures, "Le village français" de Frederic Krivine va forcément ouvrir des brèches - on en reparlera je pense).
Parfois, je me prends à rêver de ce qu'aurait donné "DéjàVu" produite avec les moyens et les comédiens de "Veronica Mars" ou de "Friday Night Lights"... Bon, là, je me réveille car j'ai encore trente pages à lire. Et puis après, on passe à autre chose. Encore bravo David !